Loin de Chandigarh - Tarun Tejpal

Publié le par Laura Z

Loin de Chandigarh - Tarun Tejpal

Citation du livre :

Dès la lumière éteinte, nos corps se cherchaient, l'ancien rythme reprenait ses droits, nous reconstituions le puzzle cœur poils chaleur moiteur dureté douceur odeur saveur mémoire désir, et il en résultait un plaisir et une paix tenaces. "

 

What’s love got to do with it ?

  
Premier roman, de Tarun Tejpal, Loin de Chandigarh -dont le titre original The Alchemy of Desire est beaucoup plus évocateur , nous immerge au cœur d’une Inde torpide et sensuelle. C’est sur cette phrase que s’ouvre le livre, " L’amour n’est pas le ciment le plus fort entre deux êtres. C’est le sexe. " Le ton est donné et les fauves sont lâchés. Et pourtant… ;

 

IL se réveille un jour au côté de la femme qu’il aime.

IL ne ressent plus de désir pour elle.

Et curieusement, ça ne l’inquiète pas vraiment.

 

ELLE s’interroge.

ELLE interroge l’homme pour qui elle a toujours brûlé d’un désir partagé et consommé, exploré, sillonné, possédé et infini.

ELLE ne trouve pas de réponse, face à son mutisme, elle est contrainte de se tenir à distance de celui en qui elle s’est fondue si souvent et qui n’est maintenant qu’un étranger.

 

Il n’est plus le même soudainement. Un homme lointain tout absorbé à la lecture de carnets anciens qu’il a découvert par hasard dans leur maison. L’auteur ne nous aidera pas à comprendre ce qui a pu compromettre ainsi le désir de cette homme pour la femme qu’il aime pourtant. Lui même ne se comprend pas, il s’ignore, il se perd, il se dissout tout entier dans l’histoire révélée par les carnets de Catherine, dont les frasques l’obsèdent nuit et jour. Et c’est peut-être parce que Catherine était autrefois une " Sahiba " hédoniste, éclatée dans les douceurs de la vie autant que dans ses douleurs.

 

L’histoire de Catherine n’est pas banale, elle est guidée par le désir, sexuel au départ mais bien plus encore, désir de liberté, désir d’exotisme, du pouvoir du corps, désir d’ailleurs et de maintenant…

En parcourant ces carnets comme auparavant il parcourait le corps de sa femme, le protagoniste s’égare, il s’éloigne et se recentre sur lui-même. N’est-ce pas cela aussi le désir, que de vouloir s’abandonner à son propre plaisir ?

 

Ecrivain désorienté et dilué, il peine à finaliser un roman où foisonnent l’histoire de l’Inde, ses grandes figures réelles ou imaginaires, et sa propre vision de cette société, vision acerbe et décalée mais emprunte d’une vraie authenticité et d’un amour coupable.

Des histoires s’emboîtent nous décrivant une Inde complexe et merveilleuse, torturée parfois, grandiose d’autres fois. Mais toutes ces histoires ont un point commun : le désir, douloureux et magique.

Un seul mot pourrait syncrétiser ce livre envoutant : Intense, comme la contraction des mots " INde " et TENSion "

 

Finalement, l’homme vient à bout de son désir, et quand il n’en reste plus que les cendres inertes, des souvenirs tièdes et des êtres à bout de souffle, il émet la conclusion que " le sexe n’est pas le ciment le plus fort entre deux êtres. C’est l’amour. "

 

 

 

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Publié dans Littérature

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