Bienvenu à sarko-land !
Il y a deux mois, Ségo et Sarko étaient sur un bateau. Aujourd’hui, Ségolène est tombée à l’eau et Sarkozy mène la barque, enfin, le Yacht, seul. Seul ? Pas tout à fait, il s’est entouré d’un petit groupe de ministres superpuissants, qui entérinent sa politique et forme une joyeuse oligarchie.
Il n’y a qu’à voir l’étendu des fonctions du super-ministre de l’immigration, de l’intégration, du Co-développement et de l’identité nationale (CF Décret 2007-999 du 31 mai 2007 relatif aux attributions du ministère de l’immigration, l’intégration, l’identité nationale et le Co-développement). Rien que l’intitulé donne des frissons ! « L’intégration »…tout un programme. Là où quarante-cinq années de politique ont montré leurs limites, échoué par certains aspects, le ministre sarkozyste règlerait la question en un strapontin ministériel. Il faudra déjà bien définir le sens du mot « intégration » et aussi son acceptation…sans parler des attributs de l’identité nationale. Des notions polysémiques, chacun pouvait réfléchir et discuter des différentes acceptations de ces mots…va-t-on nous ôter le droit de réfléchir à ces notions philosophiques en légiférant sur leur sens ? « Intégration », « identité nationale », tout un programme en effet. Tant que ces mots restent le titre d’un ministère, cela ne portera pas beaucoup à conséquences. Reste à savoir quelles lois ce ministre produira.
Les lois sur l’immigration vont probablement la rendre très sélective, pour ne pas ternir l’image élitiste que l’on veut donner de la France, un peuple riche, intelligent, sain de corps et d’esprit, à l’image de son président au G8…par exemple. Le projet de loi sur la TVA sociale (social ? Le sens de ce mot va-t-il aussi être fixé par décret ?), le projet de loi sur la franchise de la sécurité sociale, le bouclier fiscal, la détaxation des prêts au logement…semblent corroborer l’idée qu’on ne veut pas d’une France de pauvres. Ceux là paieront comme les autres…et peut-être même un peu plus !
De toute façon, les lois serons proposées par ceux qui les votent, amendées par ceux qui les ont proposées puisque les membres de l’exécutif –les super-ministres (Fillon, MAM, Morin, Bertrand, Juppé, Boutin…), seront probablement pour beaucoup aussi membres du parlement, des sous-députés en somme. Je trouve choquant que dans une démocratie, des ministres puissent être en même temps députés (ou même seulement candidats aux législatives). C’est une atteinte à la séparation des pouvoirs. Mais puisque ce sont des usages, admettons. Ce qui est plus scandaleux encore est que ces candidats aux législatives aient été menacés d’exclusion du gouvernement en cas de défaite électorale. Est-ce la crainte de voir des députés d’opposition occuper ces sièges laissés vacants ? Ou bien l’échec est-il intolérable dans la société qui se construit actuellement ?
Comment être sur dès lors que ce parlement bleu-roi saura préserver le pluralisme et contrôler le pouvoir exécutif d’un gouvernement à Sarkozy tout acquis ? Reprenons tous en cœur, enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé ! Mais ça ne sera pas celui du peuple français !